Wittgenstein, les jeux de langage et le Coran
Appliquée au texte coranique, cette notion devient un outil précieux pour repenser la signification des mots du lissān ʿarabī — la langue claire, logique, et codée du Coran. En effet, le Coran ne se limite pas à l’arabe ethnolinguistique ou dialectal : il s’agit d’un système autonome, cohérent, qui obéit à ses propres règles d’usage.
ʿArabī : plus qu'une langue, un système rationnel
À partir des définitions classiques, on comprend que le mot ʿarabī (عربي) ne désigne pas simplement une langue ethnique mais un langage clair, structuré, pur et cohérent. Voici quelques définitions fondamentales :
- عربي : فصيح كامل متكامل — un langage parfait, fluide, harmonieux.
- عَرُبَ الرجلُ : فَصُحَ، صَارَ فَصِيحاً — devenir éloquent, parler avec justesse.
- عَرِبَ الماءُ : صَفا — l’eau limpide, pure, sans trouble.
- عَرِبَتِ البِئْرُ : كَثُرَ ماؤُها — un puits abondant, riche en contenu.
Ces définitions montrent que "ʿarabī" renvoie à un langage dont la transparence, l’abondance et la précision sont les caractéristiques majeures. Le lissān ʿarabī du Coran est donc un jeu de langage autonome, dont la compréhension exige une lecture systémique et contextuelle.
Aʿrābī : celui qui ne perçoit pas le système
Par opposition, le mot aʿrābī (أعرابي) est défini comme :
أعرابي: فيه خلل أو نقصان
Autrement dit, l’aʿrābī est celui dont le langage est incomplet, altéré, déconnecté de la logique du texte coranique. Ce n’est pas une question de géographie ou de culture bédouine, mais de posture linguistique et cognitive.
فالأعرابي هو الذي لا يُدرك أن القرآن عَرَبِيًّا — « L’aʿrābī est celui qui ne réalise pas que le Coran est ʿarabī. »
Wittgenstein et le Coran : une convergence inattendue
Pour Wittgenstein, comprendre un mot, c’est comprendre le jeu de langage dans lequel il fonctionne. Le Coran, par son usage subtil et contextuel de la langue, invite à une démarche identique : chaque mot doit être compris à travers ses différentes occurrences, son réseau sémantique, et sa cohérence logique interne.
L’erreur de l’aʿrābī, c’est de vouloir comprendre les mots du Coran avec des outils linguistiques inadéquats, sans en saisir la structure interne. Cela revient à participer à un jeu sans en connaître les règles.
Conclusion
En somme, la lecture du Coran selon les jeux de langage wittgensteiniens permet de mieux saisir la richesse du lissān ʿarabī. Ce n’est pas simplement une langue, mais un code, une grammaire du sens, une structure logique révélée. Redécouvrir cette dynamique, c’est se rapprocher de l’intention véritable du Texte.
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