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Le doute salvateur : repenser l’héritage religieux à la lumière du Coran

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Introduction Depuis l’enfance, nombre d’entre nous héritent d’un système religieux sans jamais l’interroger. Religion, culture, traditions, récits… tout nous est inculqué dans un cadre souvent sacralisé et fermé à la critique. Pourtant, cette transmission automatique, basée sur la répétition et le conditionnement, peut être à l’origine d’un enfermement mental que le Coran, à rebours de toute censure, nous invite à dépasser. Ce texte propose une lecture rationnelle et contextuelle du Coran pour réhabiliter la fonction du doute dans le cheminement spirituel, et redonner à chacun la responsabilité d’une foi libre, éclairée et sincère. I. La religion héritée : entre endoctrinement et mimétisme L’humain naît sans dogmes, sans traditions, sans croyances. Comme le souligne implicitement la tradition prophétique : « tout enfant naît sur la fitra » – cette prédisposition naturelle, neutre, ouverte. Ce sont les parents, le milieu social et culturel qui, dès l’enfance, écrivent dans cette « page...

Analyse du mot-racine عرض ('arḍ) dans le Coran : de l’exposition à l’ignorance

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Dans cette étude, nous proposons une relecture rationnelle et contextuelle du mot-racine عرِض (ʿ-R-Ḍ) dans le Codex coranique. Contrairement aux interprétations traditionnelles qui associent ce mot à l’idée de largeur ou de distanciation, notre approche examine comment ce mot et ses dérivés—أعرِض، معرِض، عَرَضَ، عُرْضَةً—sont utilisés dans le texte coranique pour construire un sens cohérent et systémique fondé sur la notion d’exposition, de mise en vue, et par extension, d’ignorance volontaire. Le sens fondamental : "faire voir, exposer" L’occurrence clef de la racine عرِض dans la sourate al-Baqara (2:31) en est une illustration nette : وَعَلَّمَ آدَمَ الْأَسْمَاءَ كُلَّهَا ثُمَّ عَرَضَهُمْ عَلَى الْمَلَائِكَةِ "Et Il apprit à Adam tous les noms, puis Il les exposa aux anges..." Ce verset établit que le verbe عَرَضَ signifie ici mettre sous les yeux, montrer, présenter. On est donc bien dans un cadre sémantique d’ exposition plutôt que de largeur physique...

Voiles, fermentations et altérations mentales : relecture coranique des mots غطاء، خمر، سكر

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Introduction Le Coran recourt à un vocabulaire riche pour décrire les états d’obscurcissement de la raison, les perturbations de la conscience et les voiles qui empêchent de percevoir la vérité. Les mots ghitāʾ (غطاء), khmr (خمر), et skr (سكر), souvent réduits à des significations morales ou légalistes dans la tradition, méritent une relecture lexicale, contextuelle et cohérente. Plutôt que des interdits absolus, ces termes décrivent des processus mentaux et spirituels, souvent liés à l'oubli, à la confusion ou à la fermeture de la perception. I. Le mot غطاء ( ghitāʾ ) : non un simple voile, mais un état d’aveuglement intérieur 1. Ghitāʾ n’est pas un voile physique Dans plusieurs versets, ghitāʾ désigne une forme d’écran intérieur, un brouillard cognitif plus qu’un voile textile. Le verset 18:101 met en évidence cet usage : الَّذِينَ كَانَتْ أَعْيُنُهُمْ فِي غِطَاءٍ عَن ذِكْرِي وَكَانُوا لَا يَسْتَطِيعُونَ سَمْعًا Ceux dont les yeux étaient dans un ghitāʾ à l'égard...

🕊 Une lecture rationnelle de 2:185 à partir des racines شهر، شهد، تلا

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📌 Résumé Cet article propose une relecture contextuelle et linguistique de la célèbre injonction coranique : ﴿فَمَن شَهِدَ مِنكُمُ الشَّهْرَ فَلْيَصُمْهُ﴾ (2:185) souvent traduite par : « Quiconque parmi vous est témoin du mois, qu’il jeûne. » Nous y explorons les racines coraniques شهر (ch-h-r) , شهد (ch-h-d) et تلا (t-l) , afin de reconstruire un sens plus cohérent avec l’ensemble du message coranique, en dehors des filtres de la tradition juridique postérieure. 🔍 Analyse linguistique et contextuelle 🌙 Le mot شهر / chaḥr : un concept bien plus vaste que le calendrier lunaire La racine ش-ه-ر signifie fondamentalement rendre public, publier, faire connaître . Ce sens est encore vivant aujourd’hui : إشهار : annonce officielle مشهور : célèbre استشهر : se faire connaître Ainsi, dans le Coran, الشهر ne désigne pas forcément une période lunaire de 29 ou 30 jours, mais plutôt ce que Dieu rend manifeste pour Ses serviteurs. Dans 2:185 : شَهْرُ رَمَضَانَ الَّ...

lahw (لهو) et hadith (حديث) dans le Coran : Distraction et transmission, deux réalités opposées

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Introduction La tradition religieuse a longtemps détourné certains termes coraniques de leur signification contextuelle, leur imposant des sens figés issus du dogme ou des hadiths apocryphes. Parmi ces mots, lahw (لهو) et ḥadīth (حديث) sont exemplaires. Souvent perçus de manière dichotomique – l’un comme distraction, l’autre comme narration – leur rôle réel dans la logique du discours coranique mérite une relecture rationnelle, systémique et contextuelle. Le présent article propose une telle analyse à partir des occurrences coraniques. I. Le terme lahw (لهو) : ce qui détourne de la conscience et du sens Le mot lahw est souvent traduit par « divertissement » ou « distraction », mais son usage dans le Coran suggère une fonction plus profonde : détourner l’attention de ce qui est essentiel. Dans la sourate Al-Jumuʿa : وَإِذَا رَأَوْا تِجَارَةً أَوْ لَهْوًا انفَضُّوا إِلَيْهَا وَتَرَكُوكَ قَائِمًا ۚ قُلْ مَا عِندَ اللَّهِ خَيْرٌ مِّنَ اللَّهْوِ وَمِنَ التِّجَارَةِ ۚ وَاللَّهُ خَ...

Le contrat dans le Coran : relecture de nikāḥ (نكاح), ḥiṣn (حصن) ou zawj (زوج)

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Introduction Le Coran emploie des termes précis pour décrire les engagements humains. Pourtant, la tradition a souvent figé des mots-clés comme nikāḥ (نكاح) , ḥiṣn (حصن) ou zawj (زوج) dans des sens limités, chargés de morale patriarcale, là où le texte coranique semble parler de contrats professionnels , de partenariats et de responsabilités sociales . Cette lecture traditionnelle réduit injustement la richesse du texte, en particulier concernant le rôle des femmes et les catégories sociales dans la société. Nous proposons ici une analyse contextuelle et systémique de ces termes afin de leur redonner leur pleine portée rationnelle, éthique et universelle. 1. Nikāḥ (نكاح) : un contrat de service, non une union affective Dans le Coran, nikāḥ est constamment associé à la notion d’ ujūr ( أجور ) — rémunération ou contrepartie financière. Par exemple : فَآتُوهُنَّ أُجُورَهُنَّ « Donnez-leur leur rémunération... » [Coran 4:24] إِذَا آتَيْتُمُوهُنَّ أُجُورَهُنَّ « Lorsque vo...

Les absurdités du jugement dernier : un regard critique sur les interrogations traditionnelles

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Le Coran affirme que chaque être humain sera interrogé au Jour du Jugement, non pas sur des futilités, mais sur sa foi, ses actes, son engagement envers la justice et la vérité. Pourtant, une lecture du patrimoine traditionnel musulman (المنظور التراثي) révèle une longue liste de questions prétendument attendues au Jour du Jugement, dont l'absurdité et l'artificialité contrastent violemment avec le message clair du Coran. Cet article propose une réflexion critique sur ces prétendues « questions du Jugement », et interroge le sérieux de ceux qui en font la base de leur religion. I. Les questions du patrimoine traditionnel : un catalogue déroutant Voici un échantillon des questions prétendument posées aux croyants au Jour du Jugement, selon la littérature dite « islamiste » : Quels sont les livres que le Prophète vous a apportés ? Combien de livres forme le "deuxième" wahy (révélation) ? Qui sont leurs auteurs, transmetteurs, correcteurs, commentateurs ? Qu...