Le mot “Shahr” (شهر) dans le Coran : entre “mois” et “publication”
Le terme shahr (شهر) est classiquement traduit par “mois lunaire”. Or, il dérive de la racine ش‑هـ‑ر qui signifie d’abord “rendre public”, “manifester”, “proclamer”. Cette étude analyse les 17 versets coraniques où apparaît shahr pour en dégager le sens originel de publication d’un message divin.
I. Étymologie et champ sémantique
- شهر (shahr) : acte de rendre public, de faire connaître.
- Derivés : shuhra (renommée), mashhūr (célèbre), istash‑hara (devenir public).
II. Versets clefs et relecture
- 2:185 – « Shahr Ramadan alladhī unzila fīhi l‑Qur'ān… faman shahida minkum al‑shahr falyasumhu. » Interprétation : “Publication du message (Ramadān) durant laquelle le Qur’ān fut révélé… Quelqu’un qui assiste à cette publication doit la préserver (ṣawm).”
- 2:194 – « al‑shahr al‑ḥarām bi‑l‑shahr al‑ḥarām… » “Publication interdite contre publication interdite” : proclamation formelle d’un cadre légal sacré.
- 2:197 – « al‑ḥajju ashhuru ma‘lūmāt… » Le hajj se déroule lors de “publications” connues ; “travaillez votre taqwā durant ces proclamations.”
- 2:217 – question sur le combat en “publication sacrée” : “cette manifestation est plus grave que le meurtre.”
- 2:226‑234 – rituel du divorce (idda) : “attente de quatre publications” (versets 226 & 234).
- 4:92 – expiation par “ṣawm shahrayn mutatābi‘ayn” : deux abstinences formelles pour expier.
- 5:2, 5:97 – interdiction de violer les sanctuaires et publications sacrées.
- 9:2, 9:5, 9:36 – “Publications sacrées” instaurées depuis la création, contre les polythéistes.
- 34:12 – “Rīḥ suleymān: ghudūhā shahr wa‑rawāḥuhā shahr” : vent manifesté un mois, retiré un mois.
- 46:15 – durée de gestation et allaitement : “thalāthūn shahran” (trente publications). Ici, “mois calendaire” provient d’un usage dérivé, non du sens premier.
- 58:4 – alternative d’expiation : “ṣawm shahrayn mutatābi‘ayn ou distribution” comme moyen de iman (foi).
- 65:4 – “idda” des femmes ménopausées : “thalāthatu ash‑shuhūr” (trois manifestations légales).
- 97:3 – “Laylatul‑Qadr khayrun min alfi shahr” : nuit la plus précieuse, supérieure à mille “publications”.
III. Pourquoi “publication” est plus cohérent
- Le Coran insiste sur la révélation, la proclamation des lois divines, pas sur un calendrier lunaire.
- Les “shuhūr ḥarām” sont des périodes de loi sacrée, non de simple observation astronomique.
- La plupart des occurrences prennent sens dans un cadre de proclamation éthique ou légale.
- Le mot “mois” calendaire est un usage post‑coranique, dérivé du sens originel.
IV. Implications pour la lecture coranique
Si l’on considère shahr comme “publication”, on re‑centre le message sur :
- L’acte de révélation et de diffusion du message divin.
- La notion de sacralité attachée à ces proclamations (ḥarām).
- Le développement d’une jisrāʾ (passerelle) entre texte et croyant, plus qu’un repère temporel.
V. Conclusion
Le mot shahr (شهر) dans le Coran se lit mieux comme “publication” ou “manifestation publique” d’un message sacré plutôt que comme “mois”. Cette relecture éclaire sous un jour nouveau la compréhension du Ramadan, des périodes sacrées et de l’approche coranique de la loi.
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