De la mission à la soumission : le piège des hadiths

Quand le sens des verbes coraniques est trahi, les sociétés s'effondrent

Introduction

Tout le monde peut constater les nombreux maux qui rongent les sociétés dites musulmanes : faible niveau de lecture, inaction, mauvaise gestion, fatalisme religieux, absence de créativité, refus du débat, intolérance… Le paradoxe est frappant : ces peuples se réclament du Coran, un Livre pourtant rempli de recommandations puissantes à penser, à œuvrer, à perfectionner et à propager le bien. D'où vient ce décalage dramatique ?

La réponse se trouve dans un phénomène majeur mais souvent ignoré : le détournement du sens des verbes d’action coraniques, opéré par les écoles juridiques traditionnelles au moyen de hadiths non coraniques. Ces falsifications sémantiques ont transformé des injonctions actives en rituels passifs. Elles ont produit des peuples en décalage avec leur propre texte fondateur.


1. Quand chukr devient remercier au lieu de fructifier

Le verbe chakara (شكر), dans le Coran, implique une reconnaissance active : valoriser un bienfait, le partager, en produire davantage. Il est lié à la responsabilité, à la productivité, au rayonnement. Mais les exégèses traditionnelles l’ont réduit à un simple remerciement verbal adressé à Dieu. Résultat ? Une gratitude abstraite et stérile, qui ne se traduit pas en actes constructifs.


2. Quand salat devient prière rituelle au lieu de mission

Ṣallā (صلى) signifie soutenir, s’engager dans une mission éthique et sociale. Le mot désigne dans le Coran une posture de responsabilité et d’action dans la voie du bien. Or, les écoles juridiques en ont fait une série de gestes et formules figées, répétés mécaniquement cinq fois par jour. On prie, mais on ne construit rien. On « accomplit » sans comprendre. On a remplacé la mission par l’incantation.


3. Quand hadj devient pèlerinage au lieu de débat

Ḥajja (حجّ) dans sa forme verbale signifie discuter, argumenter, défendre par la raison. Le Coran y associe la recherche de vérité, la confrontation d’idées, la démonstration. Mais les juristes en ont fait un pèlerinage touristique, vidant le mot de sa puissance intellectuelle. Des millions de fidèles se rendent à La Mecque chaque année — sans jamais débattre des idées qui structurent leur société.


4. Autres exemples de verbes d’action dévoyés

Voici un tableau récapitulatif des détournements les plus critiques :

Verbe / Concept coraniqueSens coranique rationnel et contextuelDétournement traditionnelConséquences observables
Chakara (شكر)Valoriser un bienfait en le partageant ou en produisant plusDire merci à DieuInertie, autosatisfaction
Ṣallā (صلى)Assumer une mission, soutenir une causeFaire des gestes rituelsDécrochage entre foi et action
Ḥajja (حجّ)Argumenter, défendre une véritéVisite rituelle à La MecqueDépolitisation, absence de débat
Āmana (آمن)Avoir foi en une vérité éthiqueCroire sans réfléchirDogmatisme, communautarisme
Aslama (أسلم)Accepter librement une loi justeSe soumettre aveuglémentAbandon de la raison critique
ʿAbada (عبد)Servir concrètement l’ordre divinAdorer en gestesSpiritualité déconnectée du réel
Katama / Kafara (كتم / كفر)Cacher sciemment une vérité connueNe pas croireConfusion entre ignorance et mensonge

5. Quand le message devient messager : erreur de transmission

Beaucoup reconnaissent aujourd’hui que les sociétés musulmanes sont en crise parce qu’elles n’appliquent pas correctement le Coran. Pourtant, elles persistent à suivre des hadiths et les paroles d’imams qui enseignent que ces traditions extra-coranique expliquent le Coran.

Mais le Coran est clair : il est autosuffisant, explicite, complet :

وَنَزَّلْنَا عَلَيْكَ الْكِتَٰبَ تِبْيَٰنًا لِّكُلِّ شَىْءٍ
« Et Nous avons fait descendre sur toi le Livre, comme un exposé explicite de toute chose » (Coran 16:89)

مَّا فَرَّطْنَا فِي الْكِتَٰبِ مِن شَىْءٍ
« Nous n’avons rien omis dans le Livre » (Coran 6:38)

Le Prophète n’avait comme mission que la transmission du message, non son interprétation :

مَّا عَلَى ٱلرَّسُولِ إِلَّا ٱلْبَلَٰغُ
« Le messager n’a pour mission que la transmission » (Coran 5:99)

Le rassoul, c’est le message lui-même, celui inscrit dans le cœur du Prophète, celui que chacun est appelé à lire, méditer, et appliquer par soi-même :

أَفَلَا يَتَدَبَّرُونَ ٱلْقُرْءَانَ
« Ne méditent-ils donc pas le Coran ? » (Coran 4:82)


Conclusion : reconstruire à partir du texte

Les maux qui minent les sociétés musulmanes ne sont pas dus à un manque de religion. Ils sont dus à l’abandon du Coran en tant que texte vivant, rationnel et autonome. Tant que les croyants n’oseront pas lire, comprendre et appliquer par eux-mêmes les termes du Livre — sans les faire passer par le filtre déformant des traditions — ils continueront à stagner, à subir, à échouer.

La première réforme à entreprendre n’est donc pas sociale, politique ou même spirituelle. Elle est sémantique : retrouver le vrai sens des mots du Coran pour redonner vie à son message.


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