Se croire guidé n est pas etre guide-racine هدي
L’expression coranique « يَهْدِي مَن يَشَاءُ » est presque toujours traduite par : « Dieu guide qui Il veut ». Cette traduction, devenue dogmatique, introduit un faux paradoxe majeur : si Dieu choisit arbitrairement qui guider, alors la liberté de choix de l’humain disparaît.
Or, ce paradoxe n’existe pas dans le texte coranique. Il est le produit d’une lecture autoritaire, étrangère à la logique interne du Coran.
1. La racine هدي ne signifie pas contraindre
L’analyse transversale des versets contenant la racine ه د ي montre une constante : elle ne signifie jamais forcer, convertir ou manipuler intérieurement.
Son sens fondamental est :
- offrir un repère
- rendre une direction visible
- mettre à disposition une voie
- donner un cadre permettant de s’orienter
Le هُدى est donc un don structurant. Comme une carte ou une boussole, il ne marche pas à la place de l’humain.
2. « يَهْدِي مَن يَشَاءُ » un faux paradoxe linguistique
L’expression « يَهْدِي مَن يَشَاءُ » ne précise pas explicitement qui est le sujet réel du verbe يَشَاءُ (vouloir).
Deux lectures sont alors possibles :
- Lecture dogmatique : Dieu guide celui que Dieu veut.
- Lecture textuelle : Dieu guide celui qui veut être guidé.
La seconde lecture est la seule compatible avec l’ensemble du texte coranique, qui rend l’humain responsable de ses choix, de ses refus et de ses orientations.
Ainsi, Dieu fait don de la guidée à celui qui la veut, et non à celui qu’Il contraindrait arbitrairement.
3. Confirmation explicite par le Coran
Le Coran tranche clairement :
« لَيْسَ عَلَيْكَ هُدَاهُمْ » (2.272) — Ce n’est pas à toi d’assurer leur guidée.
Si même le messager ne peut guider qui il veut, alors la guidée ne peut être ni imposée ni injectée.
Le rôle divin est de rendre la voie accessible, non de forcer l’adhésion.
4. Se croire guide n est pas etre guide
Un verset clé dissipe toute ambiguïté :
« وَيَحْسَبُونَ أَنَّهُم مُّهْتَدُونَ » (7.30) — ils pensent qu’ils sont bien guidés.
Ce verset démontre une vérité décisive :
La conviction d’être guidé ne constitue pas une preuve de guidée.
La guidée n’est ni déclarative, ni communautaire, ni héritée. Elle est fonctionnelle, vécue et vérifiable dans les actes.
5. Distinction essentielle entre هُدى et رُشْد
Deux notions distinctes sont souvent confondues :
- هُدى : le repère offert, la direction rendue visible
- رُشْد : la maturité intellectuelle permettant d’exploiter ce repère
Autrement dit :
La guidée est donnée, la maturité se construit.
Un humain peut disposer du huda sans posséder le rushd, ce qui explique pourquoi certains ont le message sans jamais en produire la cohérence.
6. Resolution du faux paradoxe
Le prétendu paradoxe disparaît dès que le texte est respecté :
- Dieu offre la guidée
- l’humain choisit de l’accueillir ou de la refuser
- le refus est pleinement assumé
- la responsabilité demeure entière
Ainsi, l’expression « يَهْدِي مَن يَشَاءُ » signifie :
Dieu accorde la guidée à celui qui la veut, et non à celui qu’Il forcerait.
Conclusion
La lecture fataliste de cette expression a servi de fondement à des siècles de déresponsabilisation religieuse.
Le Coran établit au contraire une équation claire :
Guidée offerte + volonté humaine + maturité intellectuelle = voie droite.
C’est cette cohérence qui fait du Coran un texte de responsabilité, et non de soumission aveugle.

Commentaires
Publier un commentaire
Partagez vos réflexions avec sincérité. Toute parole de foi contribue à l’élévation collective *
شارِك تأمّلاتك بصدق، فكلُّ كلمة إيمان تُسهم في الارتقاء الجماعي.
* Share your reflections with sincerity. Every word of faith contributes to our collective elevation. 😇❤️🎶👀