Bayyināt ou siḥr ?
Le récit de Moïse face aux magiciens de Pharaon est souvent réduit à une opposition entre “miracle” et “numéro d’illusion”. Or, dans la logique interne du Coran, l’enjeu principal est ailleurs : il s’agit d’un conflit entre bayyināt (preuves claires) et un discours falsifié capable de produire l’égarement.
Thèse verrouillée : le Coran met en parallèle افترى (inventer un mensonge contre Dieu) et ضلّ (s’égarer / obscurcir / endoctriner). L’if’tirāʾ n’est pas un “tour”, c’est un acte de falsification qui engendre le ḍalāl.
1) L’if’tirāʾ dans le Coran : une notion discursive
Partout où apparaît l’idée d’“inventer contre Dieu”, le Coran vise des paroles, des normes ou des attributions doctrinales prêtées à Dieu sans preuve.
Conclusion locale : l’if’tirāʾ vise le fait de fabriquer un contenu et de le rattacher à Dieu (lois, croyances, “vérités”) alors que ça ne vient pas de Lui.
2) Verrou structurel : 4.48 et 4.116
Deux versets quasi identiques portent la même prémisse (le shirk), mais remplacent la conclusion. Le Coran donne ainsi sa propre clé conceptuelle.
Déduction coranique directe :
même prémisse → deux sorties mises en parallèle :
افترى (inventer contre Dieu) ⇄ ضلّ (égarement profond).
Le texte relie donc l’if’tirāʾ à un effet : produire du ḍalāl.
3) Le ḍalāl : faire croire que “cela vient du Livre”
Le Coran décrit un mécanisme : tordre la langue afin que le public pense que le discours fabriqué vient du message.
Ici, l’if’tirāʾ se présente comme une technique d’apparence : produire un discours et le faire passer pour “du Livre”, donc le rendre apte à installer un égarement.
4) Moïse et les magiciens : “ne mentez pas contre Dieu”
Dans ce cadre, l’avertissement de Moïse prend une portée nette : il vise l’attribution mensongère, pas un simple spectacle.
5) Le “siḥr” : un effet d’illusion, mais une production qualifiée d’ifk (falsification)
Le texte décrit l’effet sur la perception, puis nomme la nature de ce qui est produit.
Point de verrouillage :
même si le texte mentionne un effet d’illusion (يُخَيَّل),
il qualifie ce qu’ils produisent de إفك (falsification).
On est donc dans le champ : mensonge fabriqué → capacité d’égarer.
6) “Bayyināt” : la preuve claire reconnue par les spécialistes du faux
Les premiers à reconnaître la différence entre falsification persuasive et preuve claire sont précisément ceux qui maîtrisaient l’art de produire l’illusion : les magiciens.
Conclusion
Dans la cohérence interne du Coran :
- الافتراء على الله = fabriquer un discours et le rattacher à Dieu sans preuve.
- Le Coran place ce geste en parallèle avec الضلال (4.48 ⇄ 4.116) : l’if’tirāʾ produit le ḍalāl.
- Dans le récit de Moïse, la production des magiciens est qualifiée de إفك : falsification (26.45).
- Les bayyināt s’imposent non par “spectacle”, mais par clarté, force de preuve et discernement, reconnus même par les spécialistes du faux.
Synthèse verrouillée : افترى (forger contre Dieu) n’est pas un jeu visuel : c’est un mécanisme de falsification qui mène à ضلّ (obscurcissement / endoctrinement / égarement). C’est précisément ce que le texte coranique met en scène face aux bayyināt.

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