Comment repondre au pourquoi de mon enfant?
Comment une simple question peut changer une vie: un prof au secondaire m’a appris en deux heures ce que l’école oublie souvent.
Se questionner : l’acte fondateur de l’humanité
Se questionner, questionner le monde, interroger le sens des choses : voilà sans doute l’acte le plus fondamental de l’être humain. Ce n’est pas tant le fait d’avoir des réponses qui nous définit, mais la manière dont nous cherchons à y répondre. Cette manière façonne notre personnalité, notre rapport aux autres et, surtout, notre avenir.
Une boussole d’antagonismes
Selon la posture adoptée face aux questions, nous tendons vers des profils opposés :
- acteur ou spectateur,
- leader ou suiveur,
- esprit libre ou esprit soumis,
- citoyen responsable ou exécutant docile,
- chercheur de vérité ou consommateur d’opinions,
- créateur ou imitateur,
- lucide ou manipulable,
- courageux face à l’incertitude ou fuyant le doute,
- bienveillant par compréhension ou dur par ignorance,
- autonome intellectuellement ou dépendant de l’autorité.
Le « pourquoi » de l’enfance : un moment décisif
L’enfant commence à se poser des questions très tôt. Les observations en psychologie du développement montrent que le « pourquoi ? » culmine souvent autour de 4 à 5 ans. L’enfant ne cherche pas seulement des informations : il construit sa carte du monde.
Mais ce moment est fragile. Car la façon dont l’adulte répond devient un modèle intérieur. Répondre par des formules toutes faites, imposer une vérité sans explication, ridiculiser la question, ou couper court par l’autorité (« c’est comme ça ») peut produire un effet durable : l’enfant apprend que penser n’est pas nécessaire.
Quand l’adulte devient un « dieu omniscient »
Pour un enfant, le parent ou l’enseignant est spontanément perçu comme une figure très savante. Le problème apparaît lorsque l’adulte entretient ce statut de « sachant absolu ». L’enfant risque alors de développer un réflexe : chercher la réponse chez un “plus grand” au lieu de chercher par lui-même.
En grandissant, l’autorité change de visage :
- figures religieuses (imams, prêtres),
- pseudo-scientifiques médiatiques,
- gourous d’opinion ou influenceurs,
- charlatans,
- personnalités admirées pour leur notoriété (chanteurs, sportifs, etc.).
Le point commun n’est pas leur compétence réelle, mais leur statut. Or, la popularité n’est pas un critère de vérité.
La délégation intellectuelle : une stratégie perdante
Déléguer une tâche peut être efficace. Déléguer sa réflexion, en revanche, est dangereux. Car celui qui délègue sa pensée :
- devient plus facilement manipulable,
- confond autorité et justesse,
- perd l’habitude de vérifier, comparer, nuancer,
- et finit par dépendre de récits qu’il n’a pas construits.
Une anecdote révélatrice : « Pourquoi venons-nous à l’école ? »
Un souvenir personnel illustre parfaitement ce mécanisme.
Un jour, un professeur de français entra en classe et écrivit au tableau :
« Pourquoi venons-nous à l’école ? »
Pendant deux heures, nous avons débattu. Chacun donnait sa réponse : apprendre des choses, devenir médecin, ingénieur, aviateur, réussir sa vie… Et à chaque proposition, le professeur répondait :
« Oui, mais il y a une réponse meilleure. »
À la fin, il donna une réponse qui englobait toutes les autres :
« On vient à l’école pour apprendre à réfléchir. »
Et c’est vrai. Quelqu’un qui sait réfléchir sait poser une problématique, analyser, chercher, recouper, reconnaître une erreur… Il sait même répondre :
« Je ne sais pas. » — une réponse authentique, qui a le mérite de ne pas induire en erreur.
Apprendre à penser : une urgence éducative
Former un être humain, ce n’est pas lui fournir une collection de réponses : c’est lui transmettre des outils pour chercher. Un esprit entraîné à questionner :
- n’a pas besoin d’idoles,
- n’a pas peur du doute,
- ne confond pas statut et vérité,
- et devient plus difficile à asservir.
Conclusion
Se questionner n’est pas un luxe intellectuel : c’est un acte de liberté. Répondre aux questions — surtout celles des enfants — avec humilité, méthode et ouverture, c’est préparer des êtres humains capables de penser par eux-mêmes, plutôt que des suiveurs en quête perpétuelle de maîtres.
La véritable éducation n’apprend pas quoi penser, mais comment penser.

Commentaires
Publier un commentaire
Partagez vos réflexions avec sincérité. Toute parole de foi contribue à l’élévation collective *
شارِك تأمّلاتك بصدق، فكلُّ كلمة إيمان تُسهم في الارتقاء الجماعي.
* Share your reflections with sincerity. Every word of faith contributes to our collective elevation. 😇❤️🎶👀