Abraham n’était ni Juif ni Chrétien : lecture rationnelle du verset 3.67

Verset de référence :
مَا كَانَ إِبْرَاهِيمُ يَهُودِيًّا وَلَا نَصْرَانِيًّا وَلَكِن كَانَ حَنِيفًا مُسْلِمًا وَمَا كَانَ مِنَ الْمُشْرِكِينَ [آل عمران 3.67]
Traduction non-anachronique : Abraham n’était ni yahūdī ni naṣrānī. Il était ḥanīf — penché du côté de la rectitude —, mouslim — adhérent à la loi universelle —, et il n’était pas de ceux qui associent.
1. Sortir de l’anachronisme
Le verset ne parle pas d’ethnies ni de religions historiques. Les mots yahūd et naṣārā désignent des courants de pensée apparus bien après Abraham. Traduire par « Juif » et « Chrétien » projette des catégories postérieures sur un texte antérieur à ces institutions.
2. Le sens de ḥanīf
Dans le Coran, ḥanīf désigne une posture méthodologique : quitter les héritages mythiques, observer, douter, comparer, éliminer les hypothèses incohérentes. Abraham incarne cette démarche rationnelle qui « penche vers la rectitude ».
3. Le sens de mouslim — précisions : س ل م opposé de ج ر م
Il est crucial de préciser ici la racine س-ل-م (s-l-m) et son contraste sémantique avec la racine ج-ر-م (j-r-m) :
3.1. Sens lexical et oppositions
- سلم / س ل م (slm) — champ sémantique : paix, sécurité, intégrité, salut, absence de dommage. Dans le vocabulaire coranique, quelque chose de slm est sûr, indemne, conforme à l’ordre ; une personne mouslim est donc celle qui vit en conformité avec la règle (ou la loi universelle) et bénéficie d’un état de sécurité morale et ontologique.
- جرم / ج ر م (jrm) — champ sémantique : faute, délit, culpabilité, acte répréhensible. L’adjectif/métier dérivé (mujrim, mujrimīn) désigne le(s) coupable(s), le(s) criminel(s) ou celui qui porte une charge (accusation, faute).
La polarité slm <—> jrm permet de lire mouslim non pas seulement comme une étiquette confessionnelle, mais comme l’état opposé à l’état de culpabilité/infraction : la conformité (sécurité morale) vs. la transgression (crimineux, coupable).
3.2. Verset cité — contraste explicite
أَفَنَجْعَلُ ٱلْمُسْلِمِينَ كَٱلْمُجْرِمِينَ [المدثر 68.35]
Traduction : « Traiterons-Nous les mouslimīn comme les mujrimīn (criminels) ? » — Formulation rhétorique qui met en relief la différence profonde entre l’état de sécurité/conformité (mouslimīn) et l’état de culpabilité/transgression (mujrimīn).
Inclure cette citation confirme l’interprétation : mouslim est opposé à mujrim et représente une condition d’innocence, d’intégrité et d’alignement avec la loi, tandis que mujrim désigne la rupture de cet ordre — d’où l’importance d’interpréter « mouslim » comme une posture épistémologique et morale, pas seulement comme une appartenance ethno-religieuse.
4. Contre les mushrikīn
Être mushrik, c’est associer des idées étrangères à la vérité, mélanger les mythes et brouiller la connaissance. Abraham, au contraire, purifie sa pensée et refuse toute confusion entre le Divin et les représentations humaines.
Conclusion
Abraham n’était donc pas l’ancêtre d’une communauté religieuse, mais le précurseur d’une démarche intellectuelle. Être ḥanīf et mouslim, c’est rechercher, questionner, comprendre, puis se conformer volontairement à la loi universelle révélée par la raison. Le contraste sémantique سلم/جرم renforce l’idée que la « foi » coranique est d’abord un état de sécurité ontologique opposé à la transgression.
Mot recherché : "سلم جرم" — [#68.35] أَفَنَجْعَلُ ٱلْمُسْلِمِينَ كَٱلْمُجْرِمِينَ — Commentaires: Traiterons-Nous les mouslims à la manière des criminels? @Amha Nathali - 07/05/2025 10:56:56
إبراهيم لم يكن يهوديًا ولا نصرانيًا، بل كان حنيفًا مسلمًا؛ أي باحثًا عن الحقيقة ومُلتزمًا بالقانون الكونيّ، لا من المخلِطين بين الحقّ والباطل.
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