« Obéir au messager » : une notion informationnelle et non personnelle
L’expression coranique « أطيعوا الرسول » — obéissez au messager est souvent comprise comme une soumission à la personne de Muhammad. Pourtant, le texte ne le dit jamais : aucun verset ne dit « obéissez au prophète » (أطيعوا النبي).
Dans une analyse strictement coranique, libérée des constructions traditionnelles, le messager (رسول) n’est pas une personne, mais un rôle fonctionnel : celui de vecteur d’information. Ce rôle peut être rempli par un humain, un livre, un phénomène naturel, un vestige archéologique ou tout élément capable de transmettre une information exploitable.
1 — Le Coran ne dit jamais : « Obéissez au prophète »
L’ordre « obéir » est toujours associé à الرَّسُول (le messager) et jamais à نبي (le prophète). La fonction prophétique désigne un statut social ; la fonction messagère, elle, désigne une transmission d’information.
4.59
يَـٰٓأَيُّهَا ٱلَّذِينَ ءَامَنُوٓا۟ أَطِيعُوا۟ ٱللَّهَ وَأَطِيعُوا۟ ٱلرَّسُولَ
Ô vous les gens de foi, obéissez à Dieu et obéissez au messager.
L’ordre porte sur la transmission, non sur l’individu qui la porte. Le messager n’a aucune autorité propre : son unique mission est le balāgh mubīn — la transmission claire.
2 — Le messager n’a qu’un seul devoir : transmettre
24.54
وَمَا عَلَى ٱلرَّسُولِ إِلَّا ٱلْبَلَـٰغُ ٱلْمُبِينُ
Le messager n’a pour mission que la transmission claire.
Donc « obéir au messager » signifie obéir à ce qui est transmis, c’est-à-dire à l’information prouvée, au verset montré, au signe démontré.
Exemple : Si un ami te dit « Ce comportement est interdit dans le Livre de Dieu » et te lit un verset comme preuve, tu dois obéir au messager : non pas à ton ami, mais au verset transmis.
3 — Toute information fiable est un « messager »
Dans notre compréhension — que nous appliquons désormais de façon systématique — un messager est tout support contenant une information exploitable :
- un humain qui lit un verset
- un livre (dont le Coran lui-même)
- un disque ou un support numérique
- un cerveau qui mémorise et restitue un savoir
- un animal (dont les comportements sont instructifs)
- un végétal (dont les cycles transmettent un modèle)
- un minéral ou une stratification géologique
- un vestige archéologique révélant un fait
Tout ce qui transmet une information utile, vérifiable, lisible dans la réalité est un « messager » au sens fonctionnel du terme.
Muhammad était messager pour sa communauté ; mais le Coran était aussi un messager pour Muhammad. Le verset « obéissez au messager » lui est donc également adressé en tant qu’être humain recevant une information.
4 — Pas de religion parallèle : seulement un Livre révélé
Le Coran interdit explicitement d’inventer des lois au nom de Dieu sans preuve scripturaire directe. Invoquer « l’obéissance au messager » pour inventer une religion parallèle est condamné comme un mensonge contre Dieu.
6.21
وَمَنْ أَظْلَمُ مِمَّنِ افْتَرَىٰ عَلَى ٱللَّهِ كَذِبًا
Qui est plus injuste que celui qui invente un mensonge contre Dieu ?
68.37
أَمْ لَكُمْ كِتَـٰبٌ فِيهِ تَدْرُسُونَ
Avez-vous un Livre que vous étudiez ?
Toute parole attribuée à Dieu sans texte révélé constitue une falsification.
5 — المؤمنين ne signifie pas « croyants »
Le mot المؤمنين désigne les gens de foi, c’est-à-dire les personnes fiables, sécuritaires, dignes de confiance. Ce ne sont pas « des croyants » au sens théologique traditionnel.
Dans le langage du Coran, le mot « croyant » au sens courant — une personne qui accepte une idée sans la vérifier — n’a aucune valeur positive. Son véritable contraire n’est pas « mécréant », mais plutôt صِدِّيق (racine ص د ق), c’est-à-dire celui qui vérifie, confirme, certifie la vérité par examen rationnel.
Le « croyant » au sens naïf est celui qui reçoit des informations sans preuve, accumule des croyances non vérifiées et peut donc se tromper facilement. Le ṣiddîq, au contraire, est celui qui cherche la preuve, qui confronte l’information, qui établit la vérité par analyse et confirmation.
Ainsi, dans le cadre de l’obéissance au messager, le Coran privilégie la vérification (ṣidq) plutôt que la croyance aveugle. L’autorité ne vient jamais d’une personne, mais de la preuve confirmée.
Dans le cadre de l’obéissance au messager, cela signifie que seules les informations vérifiées, confirmées et sécurisées doivent être suivies.
📌 Conclusion générale
Obéir au messager ne signifie pas suivre une personne, une tradition, une autorité religieuse ou un corpus humain. Cela signifie : obéir à l’information révélée, prouvée, transmise clairement.
Le messager est toute source d’information fiable. Et seule la parole de Dieu, telle qu’inscrite dans un Livre révélé, peut produire une obligation religieuse.
Ainsi, « obéir au messager » est un principe méthodologique, rationnel et universel, non une soumission aveugle à un individu.

Commentaires
Publier un commentaire
Partagez vos réflexions avec sincérité. Toute parole de foi contribue à l’élévation collective *
شارِك تأمّلاتك بصدق، فكلُّ كلمة إيمان تُسهم في الارتقاء الجماعي.
* Share your reflections with sincerity. Every word of faith contributes to our collective elevation. 😇❤️🎶👀