Le zulm_ظلم : l’injustice suprême selon le Coran

Dans l’usage courant, « الظلم » est traduit par injustice. Mais dans le Coran, il désigne surtout l’acte d’obscurcir, d’embrouiller, de voiler une vérité claire. Le zulm n’est pas seulement un tort moral : c’est la manipulation du référentiel.

Le refrain coranique central

« من أظلم ممن افترى على الله كذبا »

Cette formule revient dans de nombreux passages (6.21, 6.93, 6.144, 7.37, 10.17, 11.18, 18.15, 29.68, 61.7). Elle désigne la catégorie la plus injuste de toutes : ceux qui fabriquent un discours humain et l’attribuent à Dieu.

Le verbe « افترى » signifie fabriquer, produire, mettre en forme un récit ou une loi. Et « على الله » indique que l’on colle ce contenu à Dieu alors qu’il ne vient pas de Lui.

Les formes de zulm dénoncées par le texte

• S’inventer une révélation (6.93) — « أوحي إليّ » alors que rien ne lui a été révélé.
• Produire un texte concurrent (6.93) — « سأنزل مثل ما أنزل الله ».
• Légiférer au nom de Dieu sans savoir (6.144) — « ليضل الناس بغير علم ».
• Ériger des autorités sans preuve سلطان بين (18.15).
• Parler sur Dieu autre que la vérité (6.93).

Pourquoi est-ce le zulm suprême ?

Parce qu’il touche la source même de la guidance. Falsifier la parole de Dieu revient à créer une obscurité qui remplace la lumière. C’est l’origine de toutes les dérives religieuses : doctrines ajoutées, tabous inventés, législations humaines maquillées en commandements divins.

Les conséquences annoncées

• لا يفلح الظالمون — ils ne réussissent jamais (6.21).
• عذاب الهون — humiliation (6.93).
• لا يهدي القوم الظالمين — perte de la guidée (6.144, 61.7).
• لعنة الله على الظالمين — rejet total (11.18).
• مثوى للكافرين — destination finale (29.68).

Conclusion

Zulm = obscurcir ce que Dieu rend clair. Et la forme la plus grave : obscurcir la parole de Dieu elle-même en lui ajoutant, en retirant, en remplaçant, ou en fabriquant à sa place.

Le Coran appelle à ne rien accepter au nom de Dieu sans preuve claire, sans سلطان بين, sans آية, sans دليل.