Al-Azhar : fabrique d’un islam de soumission



« L’université Al-Azhar fut d’abord un outil de propagande chiite, devint ensuite un jouet du sunnisme politique, avant d’être adoptée par les colonialismes français et britannique… Aujourd’hui, elle est le minaret préféré des dictateurs. »

Pendant des siècles, on a présenté Al-Azhar comme le phare de la connaissance islamique, l’autorité suprême en matière de religion, le bastion de la foi contre l’ignorance. Mais une question s’impose : et si cette université, adulée par les masses, avait en réalité toujours été une institution politique ? Une courroie de transmission du pouvoir — fut-il califal, colonial ou militaire ?

1. Une naissance chiite au service de la propagande

Al-Azhar a été fondée au Xe siècle (359 h. / 970 ap. J.-C.) par les Fatimides, une dynastie ismaélienne chiite qui gouvernait l’Égypte. L’objectif était clair : convertir l’Égypte sunnite au chiisme. L’université n’était donc pas un lieu neutre de recherche théologique, mais un centre de diffusion idéologique.

Ce n’est qu’après la reconquête de l’Égypte par Saladin, chef militaire sunnite, que l’université fut « purifiée » de son orientation chiite. Mais le rôle politique de l’institution ne changea pas : elle devint simplement le bras religieux du nouveau pouvoir.

2. Quand Napoléon flatte les oulémas

En 1798, Napoléon Bonaparte envahit l’Égypte. Fait surprenant : il ne détruit pas Al-Azhar. Il y entre pieds nus, se disant respectueux de l’islam. Il convoque les savants, les flatte et leur déclare :

« Je suis plus musulman que les Mamelouks. J’aime le Prophète et je respecte le Coran. »

Il fonde alors un Conseil islamique (dîwân) composé d’oulémas azhariens pour gouverner indirectement la population. Il avait compris que contrôler la religion, c’est contrôler les foules. L’un des premiers exemples modernes de manipulation religieuse par une puissance étrangère.

3. Le colonialisme britannique et la réforme utile

À la fin du XIXe siècle, les Britanniques occupent l’Égypte. C’est à cette époque que Muhammad ʿAbduh, réformateur salué par beaucoup, devient Grand Mufti et proche d’Al-Azhar. Mais ce que l’on dit moins, c’est qu’il était soutenu par Lord Cromer, administrateur colonial britannique.

Il proposait un islam « modernisé », compatible avec l’Empire britannique. Même son mentor, Jamāl al-Dīn al-Afghānī, critiqua cette compromission. Encore une fois, la réforme religieuse était dictée par des intérêts politiques étrangers.

4. Un islam officiel sous haute surveillance

À l’époque moderne, notamment sous Nasser, puis Sadate, Moubarak et aujourd’hui Sissi, Al-Azhar devient le bras religieux du régime militaire. Le Grand Imam est nommé avec l’aval du pouvoir. Les oulémas soutiennent les décisions de l’État, condamnent toute dissidence, et répètent sans relâche un discours ritualiste : priez, jeûnez, payez la zakat… et surtout ne réfléchissez pas trop !

Toute lecture critique, rationnelle ou coranique du Texte sacré y est dénoncée comme égarée. L’esprit est remplacé par l’imitation aveugle (taqlīd), la pensée par la répétition.

5. Al-Azhar aujourd’hui : prestige, pouvoir et soumission

L’université continue de produire des milliers d’imams et prédicateurs chaque année. Leur mission ? Maintenir un islam ritualiste, docile, incapable de remettre en question le pouvoir, les injustices sociales ou les dérives théologiques.

Pire encore : elle prétend représenter « l’islam modéré », mais en réalité elle fait taire toute pensée vivante. Elle forme des répétiteurs, pas des penseurs.

Conclusion : déconstruire l’arnaque

Al-Azhar n’est pas un sanctuaire du savoir ; c’est une forteresse du conformisme. Elle a tour à tour servi des chiites conquérants, des sultans sunnites, des colonisateurs européens et des dictateurs militaires. Loin du Livre, elle récite les hadiths d’un islam domestiqué.

Il est temps de distinguer l’islam du pouvoir de l’islam du Livre. Il est temps d’ouvrir le Coran, non pas pour le réciter à l’aveugle, mais pour y chercher la justice, la vérité et la libération de la pensée.

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